St Budoc

Eglise de Beuzec cap sizun

 

LA VIE DE SAINT BUDOC

Histoire ou légende, vérité pure ou enjolivée, la vie de Budoc reste intéressante et exemplaire.

A Brest, en ces temps-là, au V° ou VI° siècle de notre ère, se dressait le château d’Even, prince de Léon, seigneur de Brest. Sa fille, la princesse Azénor, était – comme (presque) toutes les princesses – blonde aux yeux bleus. Albert Le Grand écrivit même à son sujet qu’elle était " de riche taille, droite comme une palme, belle comme un astre, et cette beauté extérieure n’était rien en comparaison de son âme. "

Le comte Chunaire de Goëllo, ayant ouï une telle renommée, demande la main de la belle Azénor, en envoyant au roi Even de riches émissaires tout d’or et d’argent. Les noces sont célébrées durant quinze jours, avant qu’Azénor ne rejoigne le château du comte de Goëllo, le Castel-Audren (aujourd’hui Châtelaudren).

Làs ! Quelques mois après, la mère d’Azénor meurt, et le roi Even se remarie alors avec une marâtre peu recommandable, une " dame de grande maison qui avait l’esprit malicieux, noir, sombre et malin ", bref, une " femme aussi mauvaise que la mer par un jour de tempête … ".

Cette femme, convoitant le futur héritage d’Azénor, décide alors de se débarrasser de sa belle-fille. A force d’insinuations et de mensonges, s’aidant de faux témoins, elle persuade le roi Even son mari et le comte Chunaire son gendre qu’Azénor n’avait pas réservé sa couche à son mari, et l’accuse d’adultère, d’impudicité et d’abandonnement … Even et Chunaire, hommes de peu de foi, croient tout cela.

Déshonoré, Chunaire fait reconduire séance tenante Azénor à Brest, où son père l’enferme dans la tour la plus sombre du château (qui porte encore aujourd’hui son nom), en attendant de comparaître devant ses juges. Là, du haut de la tour, Azénor chante et invoque le pardon de Dieu pour ses tourmenteurs … Les juges, sans écouter ses protestations d’innocence, sans contrôler les dires des soi-disant témoins, sans la moindre preuve, la condamnent à être brûlée vive.

Au jour prévu pour l’exécution de la sentence, ses bourreaux apprennent qu’elle est enceinte. Or, les lois interdisent une telle sentence pour une femme enceinte, jusqu’à l’accouchement … D’aucuns disent même que – miracle ! – le bûcher refuse de brûler …

Les juges décident alors de lui faire grâce de la vie, mais – tout de même – de l’enfermer dans un tonneau, et de les jeter à la mer, elle et son enfant. Ce qui est fait, impitoyablement. Cinq mois durant, le tonneau navigue au gré des flots, et l’ange gardien d’Azénor les nourrit tous les jours. Enfin, ils ‘débarquent’ sur une grève d’Irlande, à Beauport. Le jour même, elle donne naissance à un fils. Il est baptisé " Budoc ", ce qui signifie en breton ‘sauvé des eaux’.

Si la naissance de Budoc n’est pas simple, la vie de ce futur saint ne sera pas un long fleuve tranquille non plus …

En effet, durant ce temps, la cruelle belle-mère meurt à son tour, et, dans ses derniers moments, par peur de l’Enfer peut-être, avoue les mensonges concernant Azénor.

Le prince de Léon et le comte de Goëllo se mettent alors à rechercher Azénor, sans repos. Ils visitent le Léon, la Cornouaille, le Trégor. Pas d’Azénor. Alors, ils traversent moults pays, parcourent nombre de mers, sans plus de résultat. Étudiant les mouvements des flots, le comte de Goëllo décide alors de gagner la grande Bretagne, par-delà les flots … Parcourant Angleterre, Écosse, pays de Galles, il désespère de retrouver sa femme, et – peut-être – son fils. Un jour enfin, en Irlande, il se retrouve face à un garçonnet blond comme les blés, aux yeux bleus, identiques à ceux qui illuminaient le doux visage d’Azénor. Budoc, son fils, était en face de lui. Chunaire suit Budoc, et retrouve sa femme, Azénor, occupée au lavoir.

D’aucuns disent que le comte de Goëllo ramène sa femme et son fils en Armorique. Il meurt au cours de la traversée. Azénor, à la santé chancelante, ne tarde pas à le suivre dans la tombe. Le petit Budoc est alors élevé par son grand-père le roi Even, qui le confie à saint Samson, évêque de Dol.

D’autres prétendent que Budoc demeure en Irlande, dans un monastère, consacrant sa vie à Dieu. Devant tant d’humilité, on presse le fils du roi de devenir archevêque. Fuyant ces honneurs – ou peut-être les pillards sévissant à cette époque, ou les envahisseurs païens … –, Budoc décide de partir au-delà des mers, mais, n’ayant point de navire, s’allonge dans une grande auge de pierre, comme saint Conogan avant lui. Il retourne ainsi en Armorique.

Toujours est-il que notre petit Budoc, en grandissant ainsi pieusement, devient abbé de Dol, puis évêque de Dol lorsque saint Magloire abandonne cette charge. Il fonde alors, avec d’autres compagnons, le premier monastère-université d’Armorique. Bon nombre de prêtres y sont formés, qui évangélisent ensuite les côtes de la Bretagne.

Les futurs saints Jacut, Guthénoc et Tudy suivirent les cours dans cette université, et y trouvèrent la connaissance enseignée par la théologie, l’astronomie, les lettres, et même, paraît-il, la musique. Ils furent ainsi parmi les nombreux saints qui fondèrent une grande partie des paroisses de l’Armorique.

Parmi la cinquantaine d’élèves qu’eût ainsi saint Budoc, le plus célèbre est toutefois saint Guénolé, qui y resta jusqu’à ses vingt-et-un ans.

Saint Budoc, fêté le 18 novembre, est le saint patron des pêcheurs d’épaves, et des pilleurs de côtes …

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